Cette fois, nous atteignons notre altitude de
croisière en arrivant à Potosi (4090 m !).
A cette altitude en France, c’est la neige
partout, mais ici ce sont de hauts plateaux,
très
secs et encore cultivés (on aperçoit un attelage d’animaux en train de
labourer).
La ville de Potosi a, comme les autres villes
déjà visitées, un passé colonial espagnol important.
La grande place, très fréquentée, correspond
au centre-ville historique.
Elle est entourée, comme il se doit, par les
principaux monuments dont la cathédrale…
C’’est un lieu de rassemblement de la
population locale qui se prélasse en discutant,
ou en savourant des glaces, car c’est l’été,
et il fait chaud !
Pour ce qui nous concerne, nous apprécions
cette bonne température,
mais avons un peu de mal avec
l’altitude : essoufflement et impression d’être oppressés.
C’est la ville de plus de 100 000hab la
plus haute du monde (même Lhassa, au Tibet, est battue !).
La ville est dominée par un mont en forme de
cône « le Cerro Rico » (la Colline Riche).
S’il est nommé ainsi, c’est parce-que les
espagnols y découvrirent un gisement d’argent,
tellement riche (!) qu’il finança l’Empire
espagnol pendant près de trois siècles.
Construite dès 1545, Potosi connut son apogée
au 17ième siècle.
Avec 165 000 habitants, elle était plus
importante que Paris et Londres.
La ville se couvrit de superbes édifices
coloniaux et d’églises.
Les bâtiments, le long des rues, attestent aussi
de cette richesse passée, avec leurs balcons en bois.
Mais à la différence de Sucre, qui dégage
encore une belle impression d’opulence,
la ville de Potosi est moins attrayante. Les
rues sont plus étroites et les façades plus abîmées.
Il y a aussi une circulation de véhicules et
de gens qui rend l’atmosphère plus étouffante.
On aime forcément Sucre. On peut aussi aimer
Potosi ou bien la rejeter.
Le minerai d’argent extrait du « Cerro
Rico » était transformé sur place,
en pièces sonnantes et trébuchantes dans un
grand hôtel des monnaies.
C’est le monument historique le plus important
appelé « Casa National de la Moneda ».
On y
rentre par une cour ornée d’une fontaine…
et d’un masque de Bacchus accroché ici par un
français !
C’est devenu un grand musée qui renferme des
trésors historiques.
Une salle renferme de belles peintures
religieuses de l’école de Potosi,
parmi
lesquelles « la Virgen del Cerro » dont la robe symbolise le
« Cerro Rico ».
D’autres vierges montrent l’influence locale
indienne : le soleil et la lune y sont représentés.
Une salle est dédiée, bien sûr, aux pièces de
monnaie avec leurs poinçons.
On peut voir les immenses engrenages en bois
qui permettaient de laminer les lingots d’argent.
Ils étaient mus par des mules en dessous.
Les pièces étaient ensuite poinçonnées une à
une.
Tout cela a été progressivement modernisé…les
dernières pièces furent frappées ici en 1953.
L’argent coulait tellement à flot qu’on
l’utilisait pour fabriquer bien d’autres objets que les pièces.
Jusqu’à une selle de cheval et le
summum : un pot de chambre en argent !
Le deuxième monument important est le
« Convento-Museo de Santa Teresa ».
On y entre par un premier cloître où se trouve
le plus vieux pommier du pays (plutôt sec !).
Ce couvent des Carmélites recevaient des
jeunes filles à l’âge de 15 ans, issues de familles aisées,
puisqu’il fallait payer une dot substantielle,
en argent ou en dons (tableaux ou autres
œuvres d’art).
Une fois entrée dans ce couvent, les sœurs y restaient
jusqu’à leur mort,
sans aucun contact avec l’extérieur :
règle abolie en 1972.
Elles pouvaient assister à la messe faite dans
la chapelle, mais cachées derrière un rideau.
C’est le dernier retable, couvert de dorures
et travaillé, que l’on vous montre (on sature !).
Quelques autres monuments dispersés dans la
ville :
La tour de la Compagnie de Jésus, vestige de
l’ancienne église Jésuite fut achevé en 1707.
L’église de San Lorenzo présente une façade
très exubérante.
Il y a un joyeux mélange de style indigène et
catholique.
Des décorations fines et ouvragées décorent le
portail…
Cherchez, là aussi, la présence du soleil et de la lune.
Venons-en à la mine et à ce qu’elle implique…
On peut imaginer que les conditions de travail
y étaient épouvantables…
Le travail dangereux provoquait tant de morts,
par accident ou par silicose, que les Espagnols
firent
venir des milliers d’esclaves africains pour pallier le manque de main-d’œuvre.
Les Espagnols pillèrent ainsi un véritable
trésor et épuisèrent les filons les plus riches.
La mine est cependant encore en activité
aujourd’hui : près de 6000 hommes continuent
d’y rechercher l’eldorado, dans des conditions
qui n’ont pas changé depuis l’origine.
Le Cerro Rico est un véritable gruyère, percé
de milliers de galeries.
Des agences y emmènent de petits groupes pour
voir le dur labeur des mineurs.
(Janine n’a pas été tentée par
l’expérience !)
Nous accédons à mi-hauteur de la colline à
l’une des entrées parmi toutes celles qui existent.
On peut voir d’emblée que cette galerie est
très active, avec un ballet incessant de chariots.
Remarquez la chique de certains mineurs (ils
mâchent sans cesse de la coca pour tenir le coup).
Nous pénétrons à l’intérieur et avançons
prudemment, en laissant le passage aux wagonnets.
L’atmosphère devient vite irrespirable, car
chargé de poussière :
sur certaines photos, la lumière du flash se
réfléchit sur les grains de poussière.
Nous nous arrêtons devant le Dieu protecteur
de la mine, placé dans une cavité.
Les mineurs y font une offrande (d’alcool à
95°) et en boivent une rasade avant d’aller travailler.
Nous cheminons à travers les galeries, et
notre guide nous emmène voir un mineur au travail.
Pour le trouver, nous devons suivre un vrai
parcours du combattant.
Certains passages sont vraiment difficiles à
franchir !
Nous trouvons le mineur, en haut d’une cavité,
en train de buriner.
Il porte un masque, mais ce n’est pas le cas de
tous.
En passant par d’autres endroits plus
difficiles les uns que les autres,
nous
arrivons auprès d’un autre mineur, qui va placer quelques bâtonnets de
dynamite.
Nous entendrons 7 explosions successives, ce
qui est un peu inquiétant dans ces galeries.
Nous terminons en passant devant une autre
statue à laquelle nous offrons aussi de l’alcool.
La visite de la mine se termine, et nous en
sortons dans un état poussiéreux incroyable.
Terminons avec un peu de gaité : le soir
venu, sur la grand-place envahie par les décorations de Noël,
il y a foule et tout le monde s’amuse :
petits et grands.
2 commentaires:
Coucou à tous les deux
Jeanine a pris la bonne décision : Jeannot tu es fou d'être rentré dans cette mine ! Vu les conditions de sécurité, on aurait eu peur que tout s'effondre sur nous.
Mis à part cela, votre périple suit son cours et vous avez l'air de vous régaler. Vivre les traditions de Noël d'autres pays doit être bien sympa. Sucre nous aurait plu à nous aussi.
Bonne continuation. Bises de nous deux
Toutes ces visites sont vraiment intéressantes mais quelle idée d'aller ramper dans cette mine, Janine est plus prudente... Je ne pourrai plus vous suivre pendant quelques jours, passez un beau Noël très Dépaysant.
Bises de nous deux
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