vendredi 16 décembre 2016

POTOSI

Cette fois, nous atteignons notre altitude de croisière en arrivant à Potosi (4090 m !).
A cette altitude en France, c’est la neige partout, mais ici ce sont de hauts plateaux,
 très secs et encore cultivés (on aperçoit un attelage d’animaux en train de labourer).


La ville de Potosi a, comme les autres villes déjà visitées, un passé colonial espagnol important.
La grande place, très fréquentée, correspond au centre-ville historique.
Elle est entourée, comme il se doit, par les principaux monuments dont la cathédrale…


C’’est un lieu de rassemblement de la population locale qui se prélasse en discutant,
ou en savourant des glaces, car c’est l’été, et il fait chaud !


Pour ce qui nous concerne, nous apprécions cette bonne température,
mais avons un peu de mal avec l’altitude : essoufflement et impression d’être oppressés.
C’est la ville de plus de 100 000hab la plus haute du monde (même Lhassa, au Tibet, est battue !).


La ville est dominée par un mont en forme de cône « le Cerro Rico » (la Colline Riche).
S’il est nommé ainsi, c’est parce-que les espagnols y découvrirent un gisement d’argent,
tellement riche (!) qu’il finança l’Empire espagnol pendant près de trois siècles.


Construite dès 1545, Potosi connut son apogée au 17ième siècle.
Avec 165 000 habitants, elle était plus importante que Paris et Londres.
La ville se couvrit de superbes édifices coloniaux et d’églises.
Les bâtiments, le long des rues, attestent aussi de cette richesse passée, avec leurs balcons en bois.



Mais à la différence de Sucre, qui dégage encore une belle impression d’opulence,
la ville de Potosi est moins attrayante. Les rues sont plus étroites et les façades plus abîmées.
Il y a aussi une circulation de véhicules et de gens qui rend l’atmosphère plus étouffante.
On aime forcément Sucre. On peut aussi aimer Potosi ou bien la rejeter.


Le minerai d’argent extrait du « Cerro Rico » était transformé sur place,
en pièces sonnantes et trébuchantes dans un grand hôtel des monnaies.
C’est le monument historique le plus important appelé « Casa National de la Moneda ».


 On y rentre par une cour ornée d’une fontaine…
et d’un masque de Bacchus accroché ici par un français !


C’est devenu un grand musée qui renferme des trésors historiques.
Une salle renferme de belles peintures religieuses de l’école de Potosi,
 parmi lesquelles « la Virgen del Cerro » dont la robe symbolise le « Cerro Rico ».


D’autres vierges montrent l’influence locale indienne : le soleil et la lune y sont représentés.


Une salle est dédiée, bien sûr, aux pièces de monnaie avec leurs poinçons.



On peut voir les immenses engrenages en bois qui permettaient de laminer les lingots d’argent.


Ils étaient mus par des mules en dessous.


Les pièces étaient ensuite poinçonnées une à une.


Tout cela a été progressivement modernisé…les dernières pièces furent frappées ici en 1953.


L’argent coulait tellement à flot qu’on l’utilisait pour fabriquer bien d’autres objets que les pièces.


Jusqu’à une selle de cheval et le summum : un pot de chambre en argent !


Le deuxième monument important est le « Convento-Museo de Santa Teresa ».
On y entre par un premier cloître où se trouve le plus vieux pommier du pays (plutôt sec !).


Ce couvent des Carmélites recevaient des jeunes filles à l’âge de 15 ans, issues de familles aisées,
puisqu’il fallait payer une dot substantielle, en argent ou en dons  (tableaux ou autres œuvres d’art).


Une fois entrée dans ce couvent, les sœurs y restaient jusqu’à leur mort,
sans aucun contact avec l’extérieur : règle abolie en 1972.
Elles pouvaient assister à la messe faite dans la chapelle, mais cachées derrière un rideau.
C’est le dernier retable, couvert de dorures et travaillé, que l’on vous montre (on sature !).


Quelques autres monuments dispersés dans la ville :
La tour de la Compagnie de Jésus, vestige de l’ancienne église Jésuite fut achevé en 1707.


L’église de San Lorenzo présente une façade très exubérante.
Il y a un joyeux mélange de style indigène et catholique.


Des décorations fines et ouvragées décorent le portail…
Cherchez, là aussi, la présence  du soleil et de la lune.


Venons-en à la mine et à ce qu’elle implique…


On peut imaginer que les conditions de travail y étaient épouvantables…
Le travail dangereux provoquait tant de morts, par accident ou par silicose, que les Espagnols
 firent venir des milliers d’esclaves africains pour pallier le manque de main-d’œuvre.
Les Espagnols pillèrent ainsi un véritable trésor et épuisèrent les filons les plus riches.


La mine est cependant encore en activité aujourd’hui : près de 6000 hommes continuent
d’y rechercher l’eldorado, dans des conditions qui n’ont pas changé depuis l’origine.
Le Cerro Rico est un véritable gruyère, percé de milliers de galeries.
Des agences y emmènent de petits groupes pour voir le dur labeur des mineurs.
(Janine n’a pas été tentée par l’expérience !)
Nous accédons à mi-hauteur de la colline à l’une des entrées parmi toutes celles qui existent.
On peut voir d’emblée que cette galerie est très active, avec un ballet incessant de chariots.


Remarquez la chique de certains mineurs (ils mâchent sans cesse de la coca pour tenir le coup).
Nous pénétrons à l’intérieur et avançons prudemment, en laissant le passage aux wagonnets.


L’atmosphère devient vite irrespirable, car chargé de poussière :
sur certaines photos, la lumière du flash se réfléchit sur les grains de poussière.


Nous nous arrêtons devant le Dieu protecteur de la mine, placé dans une cavité.


Les mineurs y font une offrande (d’alcool à 95°) et en boivent une rasade avant d’aller travailler.


Nous cheminons à travers les galeries, et notre guide nous emmène voir un mineur au travail.


Pour le trouver, nous devons suivre un vrai parcours du combattant.


Certains passages sont vraiment difficiles à franchir !



Nous trouvons le mineur, en haut d’une cavité, en train de buriner.


Il  porte un masque, mais ce n’est pas le cas de tous.


En passant par d’autres endroits plus difficiles les uns que les autres,
 nous arrivons auprès d’un autre mineur, qui va placer quelques bâtonnets de dynamite.




Nous entendrons 7 explosions successives, ce qui est un peu inquiétant dans ces galeries.





Nous terminons en passant devant une autre statue à laquelle nous offrons aussi de l’alcool.



La visite de la mine se termine, et nous en sortons dans un état poussiéreux incroyable.


Terminons avec un peu de gaité : le soir venu, sur la grand-place envahie par les décorations de Noël,
il y a foule et tout le monde s’amuse : petits et grands.




2 commentaires:

Fred a dit…

Coucou à tous les deux
Jeanine a pris la bonne décision : Jeannot tu es fou d'être rentré dans cette mine ! Vu les conditions de sécurité, on aurait eu peur que tout s'effondre sur nous.
Mis à part cela, votre périple suit son cours et vous avez l'air de vous régaler. Vivre les traditions de Noël d'autres pays doit être bien sympa. Sucre nous aurait plu à nous aussi.
Bonne continuation. Bises de nous deux

Monique a dit…

Toutes ces visites sont vraiment intéressantes mais quelle idée d'aller ramper dans cette mine, Janine est plus prudente... Je ne pourrai plus vous suivre pendant quelques jours, passez un beau Noël très Dépaysant.
Bises de nous deux